Ahmed et Brahim Si Guesmi, fondateurs du Boulogne Aïkido Club
Aujourd’hui titulaire du 6e dan, chargé d'enseignement national et responsable de la commission technique d'Île-de-France à la Fédération française d’aïkido et de Budo, Brahim Si Guesmi a appris l’aïkido en 1980 avec Ahmed, son père, dès l’âge de 10 ans. Enseignant d’aïkido depuis 1993, il pratique cet art au Boulogne Aïkido Club, qu’il a fondé avec son père en 2005, après avoir entraîné au Club olympique de Billancourt (COB) et aux Voltigeurs de Billancourt. Les cours du Boulogne Aïkido Club sont dispensés tous les soirs de la semaine au gymnase Denfert Rochereau. Avec 150 adhérents, il s’agit d’un des plus importants de France.
Ancien élève de l’école Castéja, Brahim Si Guesmi a grandi dans le quartier du Pont-de-Sèvres, qu’il a vu se construire. Aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs formateurs d’aïkido en France, il donne également des cours aux gendarmes du GIGN et aux légionnaires en stage en Guyane. Chaque année, avec le Boulogne Aïkido Club, il assure des démonstrations lors du Forum des activités à l’hôtel de ville. Il est titulaire du 6e dan. Cette distinction, appelée aussi rokudan, n'est décernée qu'à des individus hautement expérimentés, pratiquant une technique impeccable et faisant preuve de qualités morales hors du commun.
BBI : Comment avez-vous découvert l’aïkido ?
Ahmed : En 1964, grâce au judo que je pratiquais. Lors d’une séance avec mon professeur, j’ai été fasciné par une démonstration d’aïkido, qui, petit à petit, a remplacé le judo.
Brahim : Tout simplement avec mon père, qui était professeur au COB. J’étais enfant unique. Le week-end, mon père m’emmenait aux stages que maître Tamura proposait alors un peu partout en France.
BBI : Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
Ahmed : Quand Brahim a commencé l’aïkido, il dormait chaque nuit avec le kimono qu’un professeur lui avait offert. Vers l’âge de 15 ans, il n’est pas allé s’entraîner pendant trois mois. Heureusement, il a retrouvé l’adresse du dojo, et est devenu aujourd’hui un grand et excellent professeur. Je suis fier de lui.
Brahim : Au dojo du COB, rue de la Ferme, on s’entraînait sur des copeaux de bois recouverts d’une bâche. On avait peu de moyens. Cela a duré quatre ans avant que l’on reçoive les tapis en mousse. C’était super, on pouvait tomber sans se faire mal. Comme on faisait les idiots, mon père a enlevé les tapis et remis les copeaux avec la bâche.
BBI : Brahim, comment êtes-vous devenu professionnel de l’aïkido ?
Brahim : À 23 ans, j’étais étudiant en DUT marketing. Je ne pensais pas du tout continuer l’aïkido mais j’ai été appelé pour créer une section aikido à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Dans la foulée, on m’a proposé de donner des cours à Ville-d’Avray. Avec ceux que je donnais déjà aux Voltigeurs de Billancourt, j’ai vu mon emploi du temps se remplir en quelques semaines. Alors j’ai décidé de devenir professeur à temps complet. Pour l’anecdote, j’ai passé mon brevet d’éducateur sportif à Clamart en même temps que Yannick Noah. Nous étions élèves ensemble aux cours du soir.
BBI : Quelle est, selon vous, la principale particularité de l’aïkido ?
Ahmed : L’aïkido est 100 % mixte. Les hommes peuvent combattre contre les femmes. Et l’âge n’a pas d’importance. Les jeunes s’entraînent avec les vieux… Cette discipline doit permettre de savoir se défendre contre n’importe quel adversaire, à mains nues ou armé d’un bâton.
Brahim : Contrairement aux autres arts martiaux, il n’y a pas de compétition en aïkido. Tout simplement parce qu’il ne peut pas y avoir de gagnant ni de perdant. L’idée est de neutraliser très rapidement les attaques en détournant l’énergie de l’adversaire par des projections ou des immobilisations.
Propos recueillis par Jean-Sébastien Favard pour le BBI